Du bois avec du plastique

Je vous propose dans ce nouvel article quelques exemples de réalisations à partir de cartes plastiques.  L’intérêt consistant à simuler avec ce matériau de petites constructions en bois. L’article montre aussi comment donner une allure réaliste et patinée à ces réalisations sans prétention. Et pour quasiment pas un sou : il s’agit en effet pour l’essentiel de matériaux de récupération !

Niveau de difficulté : débutant

Matériel nécessaire : carte plastique (styrène) de récupération, colle pour maquettes, emballage métallique fin, peintures pour maquettes

Matériel optionnel : carton plume, Gesso, tôle ondulée au 1/87, profilés ou feuilles fines de styrène, pastels secs, touffes d’herbe

Outillage nécessaire : cutter, réglet, pinceaux, papier abrasif

 

J’utilise depuis longtemps la carte plastique pour représenter le bois au 1/87. Cela peut apparaitre contre-intuitif et chacun pourra penser qu’utiliser du bois est plus indiqué. Pourtant, constatons que le grain du bois réel n’est pas toujours adapté à une réduction au 1/87 et il est difficile de trouver des bois suffisamment minces pour reproduire des épaisseurs réalistes.

 Certains modélistes néanmoins obtiennent des résultats plus que corrects avec des emballages fins que l’on peut trouver notamment autour de certains produits alimentaires. Je trouve en ce qui me concerne la mise en œuvre de ces bois un peu compliquée.

 Je vais tenter de vous prouver que l’utilisation de la carte plastique peut être tout à fait adaptée à ce genre de petits travaux. D’autant plus gratifiants qu’ils ne sont pas très longs et ne requièrent qu’un outillage léger pour un résultat plutôt réaliste.

Fidèle à mon souci de faire des économies et de récupérer tout ce qui peut l’être, il s’agira de travailler à partir de cartes de fidélité que nous avons tous plus ou moins dans nos portefeuilles. Certes, les feuilles de styrène ne sont pas parmi les matériaux de modélisme les plus chers mais ces feuilles sont souvent vendues en lot ou en grande taille, dont nous n’avons pas toujours besoin, surtout pour de petits projets. En plus de faire des économies, vous ferez un geste pour la planète en recyclant des cartes qui nimbent nos poubelles et nos sols. Je peux vous le garantir : la plupart de celles que j’utilise ont été trouvées par terre !

Première étape : graver la forme générale de votre projet et les premiers détails

J’ai choisi de vous présenter en détail la fabrication d’une toilette « rustique », agrémentée d’une toiture en tôle ondulée et d’un socle en ciment dont j’évoquerai aussi les astuces de réalisations. Mais la méthode est valable pour tout projet souhaitant représenter du bois.

Voilà ce avec quoi nous allons travailler (bien entendu, cela fonctionne avec toute autre carte de fidélité. Et si vous trouvez que vos frais bancaires sont trop élevés, valorisez vos cartes bancaires périmées en fabriquant une petite maquette !) :

Commençons par tracer les quatre faces qui viendront représenter chaque mur. Pour vous donner une idée des dimensions, une face fait 25 mm de haut pour 11 mm de large (dimensions prises sur un modèle réel et réduites à l’échelle HO). La découpe finale interviendra lorsque ces faces auront été traitées.

Partir d’un sujet réel est toujours le plus indiqué notamment pour les proportions et l’aspect général de votre projet (à tout le moins en ce qui me concerne qui n’ait qu’une imagination très limitée…) ce qui ne vous empêche pas de laisser libre cours à vos envies  pour représenter les effets de vieillissement, de patine, d’usure du temps, etc. Un point de vigilance néanmoins, les kits du commerce annoncés à telle ou telle échelle ne la respectent que rarement. Ainsi par exemple, beaucoup de bâtiments annoncés à l’échelle HO ou 1/87 sont en fait réduits au 1/100 ! Il faudra alors faire attention dans votre mise en scène à ces différences d’échelles en jouant sur les perspectives et les implantations.

Comme vous pouvez le constater, les seuls outils utiles à ce stade sont le réglet et le cutter ! Pas besoin d’outillage plus sophistiqué. J’utilise alternativement le dos et le coté de la lame du cutter pour faire les gravures représentant les nervures du bois. C’est à votre choix qu’il faudra représenter le vieillissement et l’usure. Dans cet exemple,  les planches de bois sont plutôt anciennes et particulièrement usagées. Vous constaterez d’ailleurs à l’usage – à mesure de vos réalisations – qu’il est plus facile de faire des maquettes ayant subies les outrages du temps que des maquettes à la patine discrète.

Deuxième étape : affiner les détails selon vos envies

Notez les zones sur lesquelles il est profitable d’insister un peu. Le bas de la porte par exemple que vous pourrez entamer plus profondément. Il est même possible de représenter des manques et trous dans les planches. C’est à votre libre choix. Ayez  en tête que ces gravures plus ou moins profondes favoriseront la patine finale après peinture, en retenant les pigments ou autres lavis que vous utiliserez.

Voilà à présent notre carte plastique avant découpe. Je vous invite à faire des ponçages réguliers : vous enlèverez les scories de matière plastique issues de la gravure et cela vous permettra aussi de façonner la texture de votre surface. Là aussi, selon votre choix de vieillissement, vous pouvez démarrer avec un papier abrasif moyen (120 par exemple) auquel cas vous obtiendrez une surface assez rugueuse, mais je vous conseille de terminer avec un grain plus fin pour obtenir une surface réaliste.

Troisième étape : la découpe et le collage des faces

Lorsque vous êtes satisfait de votre état de surface, vous pouvez procéder à la découpe des quatre faces. Je vous indique une petite astuce : découpez selon la photo (avec la face arrière, un peu plus courte, en troisième position) pour obtenir des faces qui correspondront parfaitement les unes aux autres lors du collage – à cette échelle, une différence de 1 mm est vite rédhibitoire.

Je vous propose différentes photos qui montrent la progression du travail en alternant gravures supplémentaires et ponçage.

Vous pouvez à l’issue procéder au collage des faces. Un point de vigilance à ce stade : si la structure de ces cartes plastiques est en styrène et donc parfaitement adaptée aux colles pour maquettes, on constate aussi souvent la présence d’une fine couche de plastification de surface qu’il vous faudra poncer ou enlever avant collage. Sans quoi la colle ne prendra pas !

Nous voilà maintenant avec une cabane qui prend forme (pardonnez moi, la photo est floue). Le temps que la colle sèche, nous pouvons attaquer la réalisation de la toiture et du socle.

Quatrième étape : un toit et un socle pour nos toilettes

Pour se faire, je vais vous présenter deux autres astuces que je développerai peut-être plus en détails dans d’autres articles.

Pour le toit, vous pouvez tout à fait faire le choix d’un toit en planches. Auquel cas, vous pourrez utiliser la même méthode que pour les murs. J’ai fait ici le choix d’un toit en tôle ondulée et j’ai utilisé de la tôle ondulée que l’on trouve au 1/87 dans le commerce. C’est un bon produit, souvent en laiton. Il peut même être bruni avec un produit adéquat pour représenter une tôle ondulée particulièrement usagée et rouillée .

Mais vous pouvez aussi facilement réaliser un tel toit avec des barquettes d’emballage dont le métal fin permet un embossage sans difficulté : il suffit de donner la forme voulue en s’appuyant sur une nappe de fils.

Une fois votre toiture obtenue et découpée au dimensions voulues, je vous invite là aussi à procéder à quelques découpes et attaques, notamment sur les bords, pour simuler les atteintes du temps souvent constatées sur ce genre de toit. Avec une mise en peinture et une patine adaptées, vous constaterez que l’on obtient un résultat tout à fait satisfaisant.

Pour le socle (j’ai fait le choix de faire un socle – pour vous montrer l’utilisation du carton plume – mais ce n’est pas une obligation et vous pouvez tout à fait déposer cette réalisation en l’état sur votre sol), j’ai utilisé un morceau de carton plume.

Les modélistes (et les architectes) utilisent régulièrement ce matériau et dans le cas d’espèce, nous allons en détourner un peu l’usage puisque nous allons le peler pour seulement utiliser l’intérieur de ce matériau. Le carton plume est en effet un matériau rigide constitué d’une couche de mousse de polyuréthane plus ou moins épaisse (les épaisseurs les plus courantes sont 3, 5 et 10 mm), recouverte de papier couché sur les deux faces.

Vous trouverez chez vos fournisseurs de loisirs créatifs toute sorte de cartons plumes. Je n’ai aucun intérêt chez tel ou tel fabricant ou fournisseur mais pour procéder au pelage, rien ne vaut le carton plume® Canson® ! Carton plume® est en fait une marque déposée par Canson® qui en est à l’origine. Pour des raisons que j’ignore (probablement la nature de la colle et du papier couché), les autres cartons plumes ne se pèlent pas ou mal et le papier couché se déchire. Je puis vous l’assurer : j’ai essayé… Pour notre présent projet dont la surface est très réduite, vous arriverez probablement à peler ce dont nous avons besoin mais pour des projets plus importants, que nous évoquerons dans le cadre d’autres articles, cela s’avérera désastreux.

Pour ce projet, j’ai utilisé du carton plume de 5 mm d’épaisseur (celui-ci est noir mais il existe aussi en blanc, cela n’a aucune espèce d’importance) et j’ai coupé à l’aide d’un cutter et d’un réglet un petit rectangle de 27 par 16. Là aussi, la taille est à votre libre choix.

Pour donner un peu plus d’allure à la réalisation, j’ai taillé une marche dans l’épaisseur de la mousse. Ce genre de petit détail donne toujours un peu plus de véracité à une scène.

Outre la capacité du carton plume® Canson® à être facilement pelé, ce matériau présente une autre vertu : la possibilité de le graver. Peut-être d’ailleurs est-il plus judicieux de parler d’estampage…

Il est ainsi facile par exemple de procéder à la gravure de pierres en s’aidant de quelques vieux pinceaux dont vous aurez ôté les poils résiduels et que vous aurez mis en forme. Vous pouvez varier les formes et en les orientant de façon différente lors de l’estampage, on obtient une variété suffisante. Jugez plutôt !

Nous avons nos murs, notre toit et notre socle. Voyons maintenant comment obtenir le résultat final

Cinquième et dernière étape : derniers détails, mise en peinture et patine

Le socle en carton plume a été préalablement enduit d’une couche de Gesso teinté avec un gris qui rappelle le ciment (j’ai malheureusement omis de faire des photos mais je consacrerai prochainement un article spécifique au carton plume et à sa décoration) . Le séchage du Gesso demandera un peu de temps.

Le Gesso est un enduit à la consistance semblable à de la crème fraiche épaisse. Il permet de boucher les pores des surfaces sur lesquels il est enduit et facilite la mise en oeuvre de la peinture. Il peut être teinté au préalable avant application

Comme vous pouvez le voir, j’ai rajouté quelques détails qui améliorent encore le réalisme de ce petit projet : charnières et ferrures sur la face avant et un petit conduit d’évacuation à l’arrière. Tous ces détails étant réalisés avec des petits profilés de plastiques mais un peu de papier fort et un brin de fil métallique peuvent aussi bien faire l’affaire.

L’avantage des profilés en styrène est qu’ils permettent le collage avec les colles pour maquettes. Lorsque l’on mélange différents matériaux, il faut souvent recourir à une colle cyanoacrylate et je n’en suis pas particulièrement friand !

Les maquettes représentant le bois sont souvent composées de plastiques teintés dans la masse en brun. De mon point de vue, c’est inadapté et une couleur grisâtre est plus à même de représenter du vieux bois. Je vous présente l’ensemble du processus de décoration (promis, je ferai des efforts sur la qualité des photos) sur un autre projet similaire, un petit abri pour prendre le bus que l’on trouve notamment dans les zones rurales. Ainsi, j’ai passé une première couche de peinture en mélangeant du beige clair et du gris clair.

Après séchage, j’ai déposé avec parcimonie (avec un micro pinceau à peine chargé de peinture) de très légères touches de couleurs blanches, ocres, brunes, etc. que j’ai tirées dans le sens du bois sur quelques millimètres. Après quelques essais, vous trouverez les bons dosages et les bons gestes. L’important est de donner de la variété à vos planches.

Pour le toit, j’ai choisi une couleur de base rouille que j’ai agrémentée de-ci de-là de couleurs un peu plus foncées. Si vous regardez un métal rouillé, vous constaterez une variété de couleurs assez grandes allant de l’orange au brun foncé en passant par le rouge et l’ocre. Vous pouvez vous en inspirez.

Une fois ces travaux de peinture réalisés, vous pourrez procéder à l’indispensable patine avec des lavis successifs qui rendra votre réalisation encore plus vivante.

Les fournisseurs de produits pour maquettes ont notablement développé leur offre en matière de produits pour patine ces dernières années. On trouve même des revues entièrement consacrées à l’usage de ces produits. Non pas que je veuille mettre en cause leur efficacité, j’en utilise et ils donnent sans nul doute d’excellents résultats. J’observe néanmoins que pour autant que l’on investisse dans différentes produits, textures et couleurs, cela finit par représenter une somme certaine. J’utilise aussi très régulièrement des méthodes plus anciennes et moins coûteuses : les lavis d’acryliques et les pastels secs ! Et si vous faites régulièrement des brocantes et vide-greniers, vous trouverez sans peine des lots entiers de produits de loisirs créatifs pour quelques euros…

Pour donner un aspect vieilli aux planches de bois et faire ressortir les gravures faites à la première étape, j’ai passé des lavis successifs de terre d’ombre brulée et de noir.

Un lavis est une peinture très diluée. pour vous donner une indication, le fond de la palette doit être quasiment visible ! 

Et voilà ce que cela donne après les différents lavis

5 à 6 couleurs ont été utilisées pour les planches et il y a eu à peu près autant de passage de lavis

Pour représenter les traces d’humidité et de mousses, je vous conseille de faire des lavis légers et progressifs de peinture vert clair à vert foncé sur le bas des murs et sur le sol, là où l’humidité est le plus susceptible de s’accumuler.

Pour terminer, j’ai évoqué l’utilisation de pastels secs. A l’aide d’un cutter ou d’un papier abrasif, vous pouvez prélever un peu de poudre que vous utiliserez pour réaliser vos lavis mais aussi pour donner un peu de structure à certains endroits en déposant la poudre récoltée et légèrement humide. Par exemple, pour simuler une forte attaque de rouille ou des mousses très présentes. Ici, par exemple sur le toit.

La poudre de pastel a été mise directement sur le toit et a été fondu par un lavis de peinture terre d’ombre brulée

Ce faisant, après quelques heures de travail, vous obtiendrez ça ! et bien mieux encore j’en suis sûr !

Quelques éléments de conclusion

Il s’agit de projets faciles à mettre en œuvre et qui ne demandent que deux à trois heures de travail, en prenant son temps. Et le coût modique des matériaux permet de tester toutes les techniques indiquées sans crainte. Ces trois petites réalisations ont été tirées de la même carte !

Bien entendu, les nombreux détails suggèrent une installation au premier plan, où ils seront les plus visibles.

Merci de me faire  part de vos réactions et commentaires et à bientôt !

Cet article a 2 commentaires

  1. christophe

    bonjour
    vraiment un blog tres interessent
    moi qui debute en modelisme j’adore vos sujets vos trucs et astuces,j’espere un jour arriver à faire ce que vous faites.
    merci à vous pour vos conseils

    1. Bonjour Christophe,
      Merci de cette visite et de ce commentaire. Il n’y a aucune raison pour que vous n’y arriviez pas puisque j’y arrive… Surtout n’oubliez pas de prendre du plaisir à pratiquer le modélisme. Selon les articles, les techniques proposées peuvent être plus ou moins abordables mais il n’y a rien d’inaccessible.
      Au plaisir de vous lire une prochaine fois
      Salutations cordiales

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