Des véhicules au gazogène

Les productions de véhicules au 1/87 ont notablement amélioré leurs offres depuis deux ou trois décennies (les prix s’en ressentent aussi) et les productions plus anciennes finissent par faire pâle figure à côté. Je vous propose ainsi plusieurs projets d’améliorations et de modifications de telles productions anciennes qui vont nous permettre de réaliser des véhicules originaux fonctionnant au gazogène. J’avais vu des kits de tels véhicules au 1/43 ou 1/48 mais rien à ma connaissance au 1/87 : le challenge m’a paru intéressant. Les trois véhicules que j’ai modifiés sont une Citroën traction et deux utilitaires Citroën U23.

 

Ces véhicules ont été présentés lors de l’exposition de modélisme de Minitruck à Houten (Pays-Bas) (photo ci-contre).

Niveau de difficulté : initié à confirmé

Matériel nécessaire : véhicules au 1/87, profilés en styrène, peintures à maquette, colle à maquettes, colle cyanoacrylate, grille métallique fine, peintures à maquette

Matériel optionnel : aucun

Outillage nécessaire : cutter, drille à main, forets, pinceaux, papier abrasif de différents grammages

L’amélioration et le détaillage de maquettes un peu anciennes permettent de les remettre dans le vent à peu de frais. On trouve pléthore de ces véhicules sur le marché de l’occasion au 1/87 et il serait dommage de détourner la tête lorsqu’une bonne occasion se présente. Certains aspects des modèles sont particulièrement mal reproduits, le challenge consistant à proposer des améliorations qui détournent le regard des points les plus négatifs. Et puis, c’est à chacun de fixer le niveau de modélisme qu’il souhaite atteindre !

La recherche de documentation : une étape indispensable

C’est un préalable toujours nécessaire pour tendre à une reproduction la plus proche de la réalité. Pour ces projets, je me suis appuyé sur des photos de kits au 1/43 ou 1/48 qui proposent de telles transformations. À ma grande surprise, il n’existe pas à ma connaissance de tels kits de transformations au 1/87. Ceci dit, cela ne concerne qu’une petite période de l’histoire autour de la deuxième guerre mondiale mais les productions au 1/87 de cette période dans le domaine militaire sont nombreuses. Peut-être un manque qui sera comblé un jour !

L’utilitaire Citroën U23

Voilà quelques photos pour le U23 à gazogène tirées du blog citroamimodel.canalblog.com.

Voilà une autre version du U23 à gazogène. Celui-ci est mondialement célèbre puisqu’il s’agit de celui que l’on voit à la fin du film de Gérard Oury « La grande vadrouille » durant la non moins célèbre scène des lancers de citrouilles ! Il est bâché, il y a moins de modifications à faire sur le véhicule et le système à gazogène semble plus facile à reproduire. Je n’ai trouvé que cette photo et il faudrait revoir le film pour avoir d’autres angles. Ceci dit, il repasse très régulièrement sur nos écrans.

Il existe d’ailleurs une version très proche de ce véhicule au 1/43 qui par chance montre aussi le profil droit. Le film laisse apparaitre très furtivement ce côté droit sans qu’il soit possible d’exploiter quelque chose.

La Citroën Traction

Le modèle fini ci-contre à droite.

Voilà ce qu’il est possible de faire autour d’une Citroën traction. De nombreuses versions existent avec différents systèmes sur le toit ou dans le coffre comme ici. Il existe un kit de transformation en résine au 1/48.

La modification du Citroën U23 - première version

Je vous propose pour commencer de réaliser cette première version selon les photos du U23 bleu ci dessus. Je ne peux que vous montrer le résultat final. J’ai réalisé ce véhicule il y a plusieurs années. Je vous ai fait quelques croquis avec les cotations pour que vous puissiez vous en inspirer. 

Ce Citroën U23 fait partie d’une collection presse parue il y a une quinzaine d’années. J’ai pu en faire un petit stock à l’époque. Je les trouvais en effet sympathiques et certains modèles étaient des nouveautés. Ceux-là ont déjà fait l’objet de  chargements divers.

Le profil gauche est un peu plus élaboré et fait appel à un plus grand nombre de pièces, tirées elles aussi de profilés en styrène. Le collage se fait avec de la simple colle à maquettes. Les boulons sont évoqués avec des micro billes de cartouche filtrante comme ici.

Voilà le croquis de ce que j’ai réalisé à l’avant du véhicule. Rien de très compliqué : essentiellement des profilés de styrène et un peu de grille métallique fine.

Voilà les photos du modèle final que je l’espère vous aideront à finaliser vos propres modèles. Divers détails ont été rajoutés pour faire plus réaliste : charbon, bûches, extincteur, jerrican. Le véhicule a en outre été repeint et notablement patiné.

N’oubliez pas l’échappement sur la droite du véhicule. La peinture a été faite avec un mélange de gris et de gris métalisé et la patine avec des lavis d’acrylique terre d’ombre brulée et gris de Payne.

Une version alternative du Citroën U23

J’ai repeint rapidement ce véhicule en jaune pour réaliser la version « Grande vadrouille ». Ce n’est pas très bien fait et il aurait fallu décaper complètement la cabine avant de la repeindre. J’ai juste voulu donner l’illusion de la couleur pour donner la priorité à la réalisation du système à gazogène.

Les réalisations industrielles d’Extrême-Orient (rappelons qu’il s’agir d’un véhicule issu d’une collection presse) sont souvent assez grossièrement peintes et il est encore plus grossier de vouloir repeindre par-dessus. Pour bien faire, il faut tremper les parties métalliques à repeindre dans du décapant à peinture. L’acétone marche assez bien mais faites toujours un test avant dans une partie discrète ! Vous trouverez en outre dans des boutiques spécialisées des décapants spécialement formulés pour ce type d’opérations. Je n’en ai jamais utilisé mais ils ont bonne presse. 

Une fois décapé, vous pouvez avoir d’excellentes surprise : une gravure fine que la peinture grossière avait malencontreusement masquée. Il ne vous reste plus alors qu’à procéder à une mise en couleur de votre choix.

J’ai réalisé ce modèle spécialement pour la rédaction de cet article. Ainsi, il vous sera plus facile d’en comprendre le processus de construction. Cela améliorera aussi la compréhension de la fabrication des deux autres modèles présentés. 

Le découpage de la partie arrière

Il faut commencer par la partie la moins sympathique du projet et qui rebutera probablement nombre d’entre vous : découper la partie devant accueillir la citerne. Il n’y a pas de solution facile pour cette opération et la seule que j’ai trouvée est le sciage. Par chance, cette partie de la maquette est en plastique.Un marquage au cutter pour guider le trait de scie.

Lorsque vous aurez scié l’extérieur, vous pourrez vous attaquer à l’intérieur selon la même méthode. Procédez doucement et essayez de rester droit. Sans quoi il vous faudra réaliser un masticage important.

Vous pourrez ainsi les réutiliser. Notez que j’ai regravé la partie grise pour faire le lien avec le reste de la caisse jaune.

Le masticage est la phase la plus longue et la moins passionnante du processus. Elle est pourtant indispensable. Un bon masticage est la clé de voûte d’une peinture réussie. Le masticage s’opère par superpositions de couches de mastic successives de plus en plus fin et liquide. Je commence toujours ainsi par un mastic plastique de consistance pâteuse pour boucher les plus gros manques, pour terminer par du mastic de surfaçage très fluide (cf. ci contre). Entre chaque couche, il faut laisser sécher et poncer. 

On peut démarrer le sciage au ras du montant.

Une fois la partie sciée, coupez proprement à l’angle de façon à récupérer les deux parties.

Une fois les deux parties collées, il vous faudra procéder à un masticage en règle. Il n’y a guère d’autres solutions et compte tenu des épaisseurs à récupérer, vous devrez en faire plusieurs. Appliquez vous notamment sur les parties qui seront visibles. Les parties intérieures seront masquées par la citerne.

Si je fais souvent la promotion du recyclage, de la récupération et du faire soi-même ou « DIY », je vous conseille en revanche d’investir un peu en mastics de différentes finesses et en papiers de verre de différents grains. C’est indispensable si vous voulez bricolez vos modèles proprement. L’offre du commerce est assez fournie dans ce domaine. En ce qui me concerne, j’ai trois mastics de finesse différente et pour ce qui concerne le papier de verre, j’utilise par exemple du grain 180 pour simuler l’aspect du bois sur de la carte plastique comme ici et des grains très fins de papier de verre de carrossier pour les ponçages avant peinture.

Pendant vos opérations de masticage et ponçage, vous pouvez mettre à profit les temps de séchage pour attaquer le dispositif à gazogène. Nous devrons utiliser pour cela des profilés en styrène.

Le système à gazogène

Vous pouvez commencer à élaborer la citerne  dans un tube de profilé en styrène de diamètre  6.4 mm et de longueur 20 mm.

Et si tout s’est bien passé, vous devriez obtenir quelque chose avec cette allure. C’est toujours bien de vérifier au fur et à mesure.

Il vous faudra un peu rallonger la base qui sert de support à la citerne avec un peu de carte plastique collée à la colle cyanoacrylate.

Il vous faudra un peu tricher et rogner l’arrière de la citerne si vous voulez la disposez correctement.

Il nous faut à présent améliorer un peu l’aspect de la citerne, notamment le haut qui est légèrement bombé. J’utilise une méthode relativement empirique mais qui fonctionne. Commencer par coller un petit profilé tout le tour en le laissant un peu dépasser tel que ci contre

Le profilé – dépassant un peu – permet de retenir le médium et on obtient ainsi un joli (enfin presque…) dôme qu’il faut laisser sécher longuement en position verticale. J’utilise du médium acrylique car ce produit possède une viscosité qui permet ce genre d’artifices. Probablement qu’il est possible d’obtenir le même résultat avec un autre produit.

Il faut aussi placer une petite citerne sur le flanc gauche du véhicule. Il faut pour se faire procéder au perçage du métal. Je vous conseille de commencer par un petit foret et de continuer peu à peu avec des forets de diamètre supérieur.

Et voilà ce que cela donne à blanc. A priori, pas de retouches à faire : la citerne s’insère parfaitement et la porte pourrait s’ouvrir. Les forets ont fini par riper un peu et il faudra procéder à des retouches de peintures. Ce n’est pas très grave pour ce genre de projet dont les véhicules étaient particulièrement usagés. Le jaune cliquant sied peu d’ailleurs à l’aspect que devrait avoir ce véhicule. Il devrait faire l’objet d’une patine pour lui rendre un aspect un peu plus conforme.

Il suffit alors de déposer une goutte de médium acrylique et de tapoter légèrement…

Après quelques itérations avec le médium, les mastics de surfaçage et les opérations de ponçage intermédiaires, vous devriez obtenir quelque chose qui ressemble à ça. Après examen de quelques photos d’époque, ces système apparaissent relativement rustiques et il n’est pas nécessaire de mon point de vue de tendre à la perfection. Souvenons nous qu’ils ont été conçus durant la 2ème guerre mondiale.

J’ai trouvé dans ma « boite à miracles » une pièce récupérée je ne sais où dont la forme convient pour ce petit projet même si elle est un peu trop fine (il vous faudra sinon en fabriquer une à l’aide de profilés en styrène). On peut la voir ci-contre ainsi que son logement percé.

Si vous me suivez régulièrement, vous savez que je suis un adepte du recyclage de matériaux et de pièces en tout genre pour mes projets de modélisme, tout en essayant de tendre à un réalisme le plus abouti possible. Pour se faire, je suis en veille de tout ce qui peut être susceptible d’être utilisé et je procède donc à des récupérations régulières. Ci-contre ma « boite à miracles » contenant des pièces plastiques dont je ne saurai citer pour la plupart la provenance (à l’exception des pièces de briquet). C’est vraiment composé de bric et de broc (il y a même une seringue trouvée par terre). Tout ne me servira probablement pas mais je dois concéder y avoir régulièrement recours.

Les opérations les plus complexes nécessitant des interventions sur la structure du véhicule sont derrière nous. Il reste à fabriquer une pièce située sur la cabine et à simuler les tuyaux qui lient l’ensemble du système à gazogène. Nous tenons le bon bout !

Pour évoquer le système à gaz, j’ai utilisé des profilés en styrène. Je vous ai fait plusieurs photos pour que vous puissiez vous en inspirer. Les tuyaux sont faits avec du profilé de diamètre 1 mm, la cuve au dessus de la cabine en profilé de 3.2 mm et le raccord à la cuve située à droite en profilé de 2 mm.   

Voilà avec la grosse cuve située à droite ce que cela donne avant collage et peinture. Cela ne me semble pas si mal. L’allure du dôme est plutôt bien rendue. Je pense qu’il faudrait peut-être des tuyaux de raccordement avec un diamètre inférieur : 1 mm cela représente quasiment 9 cm à l’échelle réelle. C’est peut être un peu trop. Il est toujours possible de modifier et de rajouter des détails mais pour ce projet je vais en rester là, ne disposant pas de sources précises et suffisamment fiables. Alors un coup de peinture noire et ça ira !

Les longueurs ont été décidé approximativement à partir des photos du modèle réduit mais la photo réelle ne montre pas les mêmes proportions. Je pense qu’il vous faudra faire un peu comme vous le souhaitez. Il s’agit davantage d’une évocation que d’une reproduction fidèle.

Une fois le tout assemblé et collé, vous devriez obtenir un véhicule qui ressemble à ca !.

Le véhicule utilisé dans le film ne présente ni essuie-glaces, ni rétroviseur. En revanche, il faudrait reprendre les optiques et coller des plaques d’immatriculation pour finaliser le modèle. J’ai néanmoins appliqué une légère patine sur le véhicule.

La modification de la Citroën traction

Comme pour le premier citröen U23, je vous ai fait deux croquis avec les principales cotations. Ayez en tête que je me suis moi-même inspiré de réalisations déjà faites et que je n’ai pas eu accès à des plans d’origine (existent-ils d’ailleurs quelque part ?). Il s’agit donc de projets un peu approximatifs.

Ci contre à droite un croquis de ce que j’ai fait à l’arrière en utilisant divers profilés en styrène.

Cela devrait être encore mieux avec des photos rapprochées. La seule vraie difficulté consiste à percer le coffre de la traction.

Et de la même façon ci contre à gauche, les opérations suivies pour l’avant du véhicule. J’espère que c’est suffisamment clair.

Les phares ont aussi été retravaillés et un rétroviseur et une galerie ont été rajoutés. J’y consacrerai un article spécifique. On peut en effet notablement masquer les limites de ces vieux modèles en leur apportant plusieurs améliorations.

Quelques éléments de conclusion

Sujet original s’il en est. Les véhicules à gazogène couvrent une toute petite période de l’histoire (peut-être devrons-nous y revenir un jour)  et ce faisant, ne sont pas d’un emploi fréquent. Ils peuvent être présent néanmoins dans une arrière-cour, un garage, une casse automobile, etc., témoins d’une époque révolue. Et puis au moins, aurez-vous un véhicule peu courant !

Une petite photo de famille pour la route !

Merci de votre lecture, laissez moi un petit (ou plus gros) commentaire si le cœur vous en dit et à bientôt !

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