Améliorer des façades

Un article aujourd’hui sur l’amélioration des façades d’immeubles de style parisien ou haussmannien. Bien entendu, les méthodes proposées peuvent être utilisées pour tout type de construction que vous souhaiteriez améliorer. En droite ligne de plusieurs articles déjà publiés, il va s’agir de faire du modélisme à l’économie – ce qui ne veut pas dire au rabais – en favorisant le matériel de récupération. Tout cela permettant – si vous en avez envie – de conserver un petit budget pour détailler encore plus finement vos réalisations. 

Cet article fera l’objet d’articles complémentaires puisqu’il traite seulement des façades. J’adore les ambiances urbaines des années 50 à 60 et toits, trottoirs, arrière-cours, devantures de magasins, petits ateliers, etc. sont des sujets inusables de reproductions et de créations. J’y reviendrai régulièrement.

Niveau de difficulté : débutant à initié

Matériel nécessaire : immeuble de récupération, styrène de récupération (cartes de fidélité) ou profilés plastiques en styrène, peintures pour maquettes, colle pour maquette

Outillage nécessaire : massicot (recommandé) ou cutter, petite lime, pinceaux

Outillage optionnel : feuille de styrène rainurée 

Voilà le genre de projets que je vous propose de réaliser à partir d’immeubles du commerce.

Quelques artisans proposent de magnifiques immeubles parisiens à l’échelle 1/87. Je vous invite vivement à consulter leurs catalogues, ils valent vraiment le coup ! Et pour les avoir vus à plusieurs reprises lors d’expositions, ils sont encore plus beaux et réalistes de visu.

Je vous propose ici une autre approche consistant à tenter de valoriser des productions anciennes – certes imparfaites (échelle de réduction, finitions, détails, etc.) – mais qui peuvent trouver une place de choix sur vos dioramas ou vos réseaux avec quelques heures d’effort.

Nous ne sommes pas du tout dans les mêmes budgets. Je pense que nous sommes nombreux et majoritaires à nous poser la question de la juste dépense pour chacune de nos réalisations. Cet article a pour seul objet de vous proposer une alternative supplémentaire ! Car quel que soit le budget investi, l’important est la qualité de la réalisation finale.

Les immeubles de récupération à disposition

Les travaux que je vous propose se basent sur ces deux types d’immeubles, probablement fabriqués et vendus par milliers voire dizaines de milliers dans les cinquante dernières années. On en trouve régulièrement encore dans des vide-greniers, des brocantes, des bourses spécialisées ou sur les sites de ventes aux enchères que nous connaissons tous (je pense même que certains sont encore fabriqués). L’avantage de ces deux types d’immeubles – pourtant ici de fabricants différents – est qu’ils peuvent se marier facilement ; l’échelle de réduction étant similaire. La distance entre étages est de 32 mm soit 2.8 m à l’échelle réelle. C’est un compromis honnête mais pas tout à fait exact. Les immeubles haussmanniens avaient des hauteurs différentes selon les étages : plus on s’élevait et moins l’étage était haut, cela allait de 3.2 m à 2.6 m. Avec 2.8 m, on est dans la fourchette. D’autre part, les immeubles haussmanniens avaient un entresol, qui n’est pas reproduit sur ces maquettes. Il faudra nous en contenter à défaut d’une modification de plus grande ampleur toujours possible. 

Les toits ont déjà été démontés sur ces trois maquettes. Comme vous pouvez le constater, on les trouve dans des états et couleurs très variés !

Deuxième exemple de production industrielle avec laquelle nous allons aussi pouvoir travailler, ce modèle étant très proche d’une architecture haussmannienne.

Manques, casses, collages approximatifs, je ne vous cache rien de ces vestiges.

Fenêtres imprimées en rhodoïd, rambardes, volets, balcons et modénatures surdimensionnés, joints en surimpression, autant de travaux en perspective si l’on veut obtenir un résultat réaliste. Il convient à ce stade de s’interroger si l’on a le courage et le temps de se lancer. Car au fond, il n’y a guère que la structure générale à conserver ! 

Il va de soi qu’il ne faut pas dépenser au delà de quelques euros pour ce genre de maquettes.

Encore des manques ! les photos en gros plans laissent aussi apparaitre les défauts de conception des maquettes.

Le recours possible à la documentation

Si comme moi, vous n’avez guère d’imagination, vous pouvez vous appuyer sur diverses sources pour trouver l’inspiration. Si vous habitez en ville, il vous suffit de regarder par votre fenêtre ou de déambuler dans les rues. Pour les autres, de nombreux livres existent. 

Voilà les quelques livres dont je me sers parfois mais les propositions sont infinies. Charles Marville avait été chargé par le Baron Haussmann de photographier le Paris qui allait être détruit, mais aussi le Paris en train de naître . Ses photos sont magnifiques.

L'amélioration du premier style d'immeuble

Précaution liminaire : je vais traiter deux façades en parallèle afin de vous montrer différentes options possibles. En fait, les faces avant et arrière de ces immeubles sont un peu différentes. J’espère que passer de l’une à l’autre ne vous perdra pas trop. Sachant qu’il ne s’agit que de deux exemples et que vous pourrez tout à fait choisir vos propres finitions.

Première étape : nettoyer la façade et premiers travaux sur les murs

Je pense que c’est la moins mauvaise des solutions pour pouvoir intervenir ensuite dans de bonnes conditions. Cette étape réserve parfois bien des surprises, notamment du fait des excès de colle. Le risque de casse n’est pas à négliger. Parfois, dans l’impossibilité de décoller les pièces, je les ai sciées ! Mais si vous pensez pouvoir intervenir sans démontage, faites le…

La même façade, débarrassée de ses principaux attributs. Certains volets ont été durs à décoller.

J’ai choisi de graver ces cartes. Beaucoup de façades comportent ce type de gravures horizontales.

Et voilà la nouvelle façade. Il va falloir à présent reprendre les ouvertures.

Voilà une première façade désolidarisée du reste de l’immeuble. Je vous concède que dans cet état, elle n’est pas particulièrement reluisante.

Nous allons redonner de la noblesse à ces façades avec des cartes en styrène (des cartes de fidélité glanées et récupérées de ci de là).

Voilà la carte gravée et prête à être collée.

Sur ce deuxième type de façade, il faut aussi procéder à des opérations majeures.

Ces joints sont en sur-impression et il faut donc aussi les enlever.

J’ai utilisé ici de la carte plastique rainurée. C’est une solution un peu plus riche que la solution avec les cartes de fidélité récupérées. Vous verrez que les deux solutions donnent le même résultat.

Pour cette façade, j’ai rajouté une option ! J’ai collé un morceau de styrène sur les 4 étages pour procéder à un décalage des ouvertures.

Les modénatures sont vraiment trop grossières et il est recommandé de les enlever. Je fais ça au cutter à lame droite et faites très attention à ne pas vous couper.

Ici aussi mais je coupe de chaque côté en creusant un peu de façon à obtenir un joint en creux. Essayez d’être droit et régulier.

Voilà notre nouvelle façade qui attend elle-aussi le travail sur les ouvertures .

Deuxième étape : ouvertures des portes et fenêtres

Voilà toutes les fenêtres ouvertes mais ça m’apparaissait trop régulier et conventionnel.

Voilà le travail sur les ouvertures terminées. On va pouvoir passer à la mise en place des modénatures.

C’est probablement le travail le plus fastidieux : il faut procéder à l’ouverture des fenêtres.

J’ai donc décidé d’ouvrir des portes à certains étages. Pas d’autres solutions que de scier proprement.

Vous obtiendrez ainsi une façade dont le rythme des huisseries est un peu différents. Qu’en dites vous ?

Je reviens à l’autre façade pour laquelle j’ai décidé de décaler la fenêtre du centre. Le travail est un peu plus délicat car il y a une plus grande épaisseur à couper. Trois règles de base : un lame de cutter parfaitement affutée, travailler lentement et procéder en plusieurs passes successives.

Voilà les deux façades retravaillées. Avouez que pour une production identique à la base, on obtient déjà une belle variété. Et ce n’est que le début. Le travail sur les modénatures est à venir.

Troisième étape : enrichissement des façades

Ils sont collés après centrage sous chaque fenêtre.

Toujours avec le massicot, j’ai débité des profilés de la hauteur des fenêtres pour venir les habiller.

Nouveaux débits pour commencer à habiller le haut des fenêtres.

Je ne trouve pas que le haut de cette porte soit particulièrement réussie. J’ai donc choisi de lui adjoindre une petite avancée en constituant deux appuis.

J’ai encore rajouté des bricoles, notamment sur les portes. Si vous alignez plusieurs façades dans une rue, c’est incongru de représenter des portes identiques. Faites comme vous le sentez mais tentez toujours la variété. J’ai aussi fait sauter les excroissances représentant les barres de laiton.

Une chute de carte plastique fera l’affaire. N’oubliez pas d’enlever comme montrée ci-contre la feuille de plastique en surface qui n’est pas constituée de styrène et qui se colle donc difficilement

Il suffit de les débiter à l’aide d’un massicot.

Les voilà en place.

Nous voilà à présent avec une façade toute neuve, dotée de modénatures à la bonne taille et de deux portes dotées de balcons. Les quelques fissures et manques ont aussi été couverts. La façade est prête pour le travail d’apprêtage et de peinture. Il ne s’agit que d’un exemple parmi d’autres. C’est un excellent travail de modélisme pour se faire la main étape par étape. Observez et faites vous plaisir en créant vos styles de façades et d’immeubles. 

Voilà la façade avec une couche d’apprêt gris. Ce n’est déjà pas si mal ainsi. L’apprêt n’est pas indispensable mais outre une meilleure accroche de la peinture, il permet de visualiser d’éventuels défauts d’aspects. Il ne reste plus qu’à choisir une couleur pour votre façade : blanc, beige, gris, etc., vous avez l’embarras du choix. Un coup de bombe ou mieux d’aérographe et le tour sera joué !

Commençons par les rebords de fenêtre en débitant des profilés styrène à l’aide de mon outil favori : le massicot.

Voilà : les fenêtres sont toutes dotées de leur rebord.

Voilà le résultat de cette étape supplémentaire.

Sur lesquels vous pouvez coller encore un  profilé (voire davantage). C’est un peu à vous de choisir la composition et la complexité de vos modénatures. Plus elles seront élaborées et plus il s’agira d’un immeuble cossu. Observez autour de vous et pensez à l’environnement dans lequel sera placée cette façade.

Un morceau de carte plastique est collé en place. Cela me convient beaucoup mieux mais libre à vous de prendre une autre option.

Mêmes opérations sur l’autre façade même si je n’ai pas fait exactement pareil. Il y a un petit challenge complémentaire puisque j’ai ouvert deux portes sur cette façade et il faut donc constituer deux balcons. Les dimensions de ceux-ci sont à votre guise. Assurez vous néanmoins de leur cohérence avec l’ensemble de la façade.

Voilà comment j’ai procédé pour réaliser les supports de balcons et l’avancée au dessus de la porte. Des profilés rond en styrène collés dans un profilé en angle feront parfaitement l’affaire !

Et voilà nos deux balcons prêts à être installés !

Ces maquettes peuvent présenter des manques disgracieux que je vous invite à couvrir avant peinture.

Vous pouvez aussi couper verticalement la porte et son encadrement (cf. photo ci-contre) de façon à mettre la porte à gauche. Encore une possibilité de varier vos constructions sans frais !

Je dois concéder ne pas être particulièrement friand des apprêts et peintures en bombe qui de mon point de vue présentent le risque d’empâter les détails à nos échelles. Mais certains modélistes y ont recours avec talent ; peut-être n’ai je pas trouvé le bon mode opératoire. Pour ce type de projet, ce n’est pas très grave si la couche est un peu trop épaisse. J’ajoute avoir utilisé avec un peu d’appréhension un apprêt acheté pour moins de 5 euros dans une grande surface discount. Le résultat est plus qu’honorable…

L'amélioration du deuxième style d'immeuble

Il s’agit autant de restauration que d’amélioration, à commencer par la toiture. Cet immeuble n’a pas été très bien monté à l’origine et il a des défauts un peu partout : traces de colle, montages approximatifs, etc.

Le bout de corniche est manquant. Il est reconstitué avec des bouts de profilés adéquats. Après masticage et peinture, cela sera invisible.

Et comme montré précédemment, les modénatures ont été complétés. Les interstices  liés au montage imparfait ont été masqués avec des profilés très fins. Le balcon au 2ème étage ainsi que les modénatures entre le RDC et le 1er étage sont un peu trop massifs à mon goût mais impossible de les décoller. La façade de cet immeuble restera donc en l’état. Il reste à mastiquer encore de ci delà avant peinture mais le travail est suffisamment avancé pour vous rendre compte de ce qu’il est possible de faire avec ces maquettes. 

Après grattage de la colle, le montage à blanc permet de nous assurer que l’on peut recoller dans de bonnes conditions.

L’immeuble a été entièrement nettoyé des balcons et garde-corps qui manquent de finesse.

Eléments de conclusion

En rédigeant cet article, j’ai conscience du volume de travail requis, volume qui pourra rebuter nombre d’entre vous. Au fond, plus globalement, trois choix s’offrent à nous pour ce genre de projet. Le premier choix, le plus évident, consiste à partir d’une maquette neuve ; le choix est vaste et de qualité. Le deuxième choix consiste à réaliser une construction totale à partir de carte plastique, de forex, de carton ou de carton plume ; il est très possible de faire de très beaux immeubles par ce moyen. Je vous propose un choix intermédiaire qui consiste à réutiliser des maquettes d’occasion. Il faut noter que je suis tombé voilà une quinzaine d’années sur un sac complet de ces maquettes dans une brocante pour quelques euros, cela explique aussi pourquoi je vous présente en détail une telle option. Trois critères doivent entrer en ligne de compte au moment de la décision : le temps disponible bien sûr, la situation de vos immeubles sur votre projet et votre budget. La solution que je vous propose est plutôt une solution de deuxième plan et pour budget limité. Mais si vous fignolez particulièrement votre construction, l’immeuble réalisé ne sera pas ridicule au premier plan. 

Par ailleurs, et quitte à nourrir nombre de débats, je considère que la question du budget ne peut être négligé. Notre loisir connait une progression des prix parfois vertigineuses et il n’est pas ridicule de réfléchir aux moyens permettant des économies. Ainsi, l’angle que je favorise est la réutilisation de maquettes existantes qui seront valorisées par un peu de travail et le recours à des pièces de détaillage imaginées par nos artisans. Mais ce travail de détaillage (garde-corps, balcons, persiennes, etc.) sera l’objet d’un prochain article. J’espère que les photos ci dessous vous motiverons…

En attendant – à vos cutters ! – et vous obtiendrez après quelques heures de travail ce genre de façades, différentes options de patine étant possible !

Merci de votre lecture, laissez moi un commentaire si le cœur vous en dit et à bientôt pour une nouvelle proposition de réalisation !

Cet article a 6 commentaires

  1. forex

    Wow, that’s what I was exploring for, what a material!
    existing here at this blog, thanks admin of this site.

  2. simper

    Magnifique travail qui demande une patience que hélas je n’ai plus. J’ai plusieurs de ces immeubles améliorés (le mot est faible) sur mon réseau de trains. Après avoir lu ton excellent article, je rêve !free.fr

    1. Rédacteur du Blog

      Bonjour Jacques,

      Merci de ta nouvelle visite et de ce chaleureux commentaire.

      Cet article a été particulièrement travaillé – il est long et nourri en photos – et il propose donc différentes options d’améliorations de ces vieux immeubles Jouef, que l’on peut encore trouver facilement à prix abordable. Il n’est pas besoin de choisir toutes les options suggérées dans l’article pour les améliorer et chacun est libre de choisir le niveau de réalisme qu’il souhaite.

      Ton commentaire me permet de préciser un point que je n’ai pas évoqué dans l’article. Ces immeubles font 5 étages mais rares sont les situations où l’on utilise ces 5 étages. Il est ainsi possible de faire deux immeubles, l’un de deux étages et l’autre de trois étages (mais d’autres combinaisons sont possibles). Et si l’on traite ces kits en demi relief, il est ainsi possible de réaliser 4 immeubles, ou 4 façades pour être plus exact. Cette suggestion pour indiquer que traiter 4 façades en parallèle permettra de se faire la main, de varier les apports et modifications et de gagner du temps ! Si mon article n’apporte que du rêve, mon objectif ne sera pas totalement atteint. Si j’y arrive, tout le monde peut y arriver !

      J’ai encore plusieurs articles programmés à partir de ces immeubles : l’amélioration des toits, l’amélioration des cheminées, le détaillage des façades, etc… Alors mon cher Jacques, il faut se lancer sur ces façades de telle sorte qu’elles soient prêtes pour les articles à suivre !

      Salutations cordiales

  3. Nicolas

    Encore un grand bravo pour ce dossier sur les façades d’immeubles retravaillées avec beaucoup de finesse et de créativité, et le tout à moindre frais. Cela nous amène à mieux appréhender nos futures réalisations avec un œil plus réaliste en se lançant sur un travers pas toujours facile à transgresser pour un simple amateur de modélisme. On se fie trop à la photo de base. Le plaisir en est décuplé dès lors que l’on en fait une nouvelle interprétation à l’échelle avec quelques artifices, patine et autres pièces de récupération en rendant toujours plus réaliste et unique la maquette de base. Un grand merci de nous partager ces astuces de récupération et fabrication. Au plaisir pour de nouveaux articles et aventures de modélistes

    1. Rédacteur du Blog

      Bonjour Nicolas,

      Merci de votre nouvelle visite et de ce gentil commentaire.

      Je pense que nous avons tous plus ou moins envie de faire évoluer nos modèles, mais que parfois nous manquons de courage, de temps ou de méthodes. Si cet article peut participer à convaincre des modélistes de franchir le pas, il aura atteint son objectif. J’ai encore plusieurs articles en préparation sur les environnements urbains : cheminées, devantures de magasins, arrière-cours, etc. J’ai publié fin décembre un petit article sur la fabrication d’évacuations en tout genre et je dois publier en janvier un article sur l’amélioration des toitures.

      Au plaisir d’échanger avec vous

      Salutations cordiales

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