L’évolution du modélisme ferroviaire

Un article de fond sur l’évolution du modélisme ferroviaire jusqu’à maintenant et une réflexion prospective sur ce qu’il peut devenir dans les années qui viennent. Probablement un peu ambitieux mais l’hypothèse soutenue dans cet article part du constat d’une présence de plus en plus forte des nouvelles technologies dans notre loisir, évolution qui devrait s’accentuer encore dans les années à venir . Certes, ce n’est pas nouveau, et l’arrivée des technologies digitales dans le courant des années 1980 a déjà constitué une rupture dans la pratique de notre loisir. En fait, deux tendances concomitantes sont à l’œuvre depuis cette période  : l’arrivée de la technologie et l’amélioration du réalisme des projets. Une synthèse de ces évolutions et une vision prospective de ce qui est à venir n’est pas inutile. Il s’agit d’ailleurs avant tout d’ouvrir le débat et vos commentaires seront fortement appréciés !

Le passé et le présent

Le train jouet

Jusqu’aux années 70, il était de tradition de recevoir un coffret de train électrique lors d’une fête (Noël, anniversaire, autres). Dans la plupart des cas, ce coffret était monté, puis démonté à la fin de la séance de jeu. Dans un nombre restreint de cas, cette activité pouvait s’orienter vers une activité modélistique avec construction d’un réseau fixe impliquant la réalisation d’un décor ad ’hoc.

Un réseau vu à Fédérail 2023 sur le stand de la Fédération Française de Modélisme Ferroviaire qui fleure bon les années 70 – 80. Un rame TGV incomplète tourne autour d’un ovale avec un décor de village au centre. On y reconnait des maquettes du producteur national d’alors. Nombre d’entre nous ont démarré ainsi.

 

Les années 80 ont constitué le chant du cygne du « train jouet » pour plusieurs raisons qui se sont accentuées – sans être exhaustif et sans ordre de priorité – jusqu’à aujourd’hui :

  • Poursuite du développement et émergence d’autres types de modélisme (naval, aérien, automobile, militaria, figurines),
  • Développement d’autres loisirs (jeux vidéo, jeux en ligne par exemple),
  • Développement d’autres loisirs techniques plus accessibles (informatique, programmation, etc.),
  • Limitation de l’espace disponible dans les appartements,

Plus spécifiquement sur le modélisme ferroviaire, course à la précision, aux détails et à la technologie ont entrainé une augmentation très importante des prix. Ainsi, nous savons tous ce que vaut à présent une locomotive vapeur dernier cri (réalisme très poussée, informatique embarquée, sonorisation, etc.), ce qui rend difficile un accès à ce loisir. Certes, ce dernier exemple est un peu extrême mais il est difficile de trouver à présent un coffret de départ à moins de 150 euros.

Le train modèle

En parallèle à cette décroissante du « train jouet » a émergé peu à peu une activité de modélisme ferroviaire plus poussée à partir des années 1990. Cette activité, restreinte pour ne pas dire marginale auparavant, est devenue depuis 30 ans majoritaire mais se limite à quelques dizaines de milliers de passionnés en France.

Ainsi, au « train jouet » historique monté et démonté à loisir s’est substitué le « train modèle » avec les quelques caractéristiques suivantes :

  • Restructuration importante des producteurs industriels : disparition de marques, fusion de certains acteurs, externalisation vers des pays à bas coût de production (la Chine n’a pas échappé à la fabrication des petites locomotives…),
  • Réalisme poussé des décors suivant en cela la progression du matériel,
  • Digitalisation du matériel roulant et informatisation des réseaux,
  • Développement d’un artisanat en parallèle aux acteurs traditionnel du secteur industriel proposant des éléments et composants permettant d’améliorer les produits industriels et la qualité des décors,
  • Limitation des réseaux en taille et développement de dioramas (petites scènes) ou de modules. Le terme de  « modélisme d’atmosphère » proposé par Jacques Leplat, dont l’objectif est de se rapprocher au plus près de l’aspect évoqué, s’est progressivement déployé.

Une autre évolution conséquente à noter  est la moyenne d’âge des modélistes ferroviaires, qui doit allègrement approcher les 60 ans ! Il suffit d’ailleurs d’assister à des expositions de modélisme ferroviaire et à des expositions d’autres types de modélisme pour constater la spécificité des pratiquants du modélisme ferroviaire.

Au fond, nombre d’adolescents des années 80 ont accompagné l’évolution vers la digitalisation et le réalisme et cette génération structure toujours le milieu du modélisme ferroviaire.

Toujours vu à Fédérail 2023, ce réseau comporte nombre d’attributs du réseau modèle : voies soignées, murs patinés, fond de décor qui s’intègre parfaitement, etc.

L’accent est mis sur le réalisme et la cohérence des décors. 

Le présent et l'avenir : une nouvelle ère du modélisme ferroviaire ?

L'apport de la technologie

Pour ce qui concerne les avancées techniques, il faut noter depuis une quinzaine d’années la démocratisation (plus ou moins selon les cas) d’une certain nombre de technologies (machine de coupe type scrapbooking, imprimante 3D, machine de découpe laser) qui peuvent accentuer encore la tendance à la spécialisation et à la précision des réalisations. Ces technologies sont même au cœur du projet de certains clubs. J’en veux pour preuve certains Fablab qui ont ouvert en leur sein des sections de modélisme ferroviaire ou la technologie Arduino déployée dans des clubs de modélisme ferroviaire.

Un banc d’essai en impression 3D développé par le FabLabOrly. Ci-contre en haut une rame du club ADDF Saint Yon et en bas, un générateur de tension aléatoire sur la base d’une carte Arduino développé par l’UIACF Nevers Vauzelles.

Ce recours à la technologie n’est pas prêt de s’arrêter. La digitalisation des réseaux commencée voilà quarante ans poursuit son évolution et la miniaturisation des puces électroniques permet toute sorte d’innovation : informatique embarquée, pilotage individuel des wagons, commande par Wifi, guidage GPS, etc. 

Autre point à indiquer – les réseaux sociaux – à juste raison beaucoup décriés. Mais ces dernières années voient aussi l’émergence de comptes Instagram ou de chaines Youtube dédiées qui dépoussièrent quelque peu l’image du modélisme ferroviaire.

Est-ce à dire que ces évolutions techniques vont modifier en profondeur la pratique du modélisme ferroviaire ? Probablement pas. Mais on peut penser qu’elles vont permettre un certain renouvellement des modélistes ferroviaires.

L'évolution du réalisme

Notons d’abord que c’est à chacun de fixer le niveau de réalisme qu’il souhaite ! Les passionnés « compteur de rivets » sont aussi légitimes que les passionnés « cool » dès lors que les uns et les autres ont construit le monde qu’ils souhaitaient reproduire. Et puis quel que soit le niveau de réalisme que l’on souhaite atteindre, le modélisme est toujours une affaire de compromis. Parce que la réduction à l’échelle présente certaines limites, parce que l’on manque de place, de moyens, de techniques, de savoir-faire, etc. Tel ou tel mettra davantage l’accent sur le décor, un autre sur le matériel roulant, un autre encore sur le réalisme des manoeuvres, que sais-je encore… L’habileté du modéliste réside même dans sa capacité à attirer l’oeil du spectateur sur les points robustes de son projet et à détourner ce même spectateur des éléments moins réussis.

Mais que peut-on dire sur les évolutions à venir en matière de réalisme ? Doit-on s’attendre à franchir de nouveaux seuils ?

Il n’est pas contestable que les modélistes chevronnés produisent toujours des chefs d’œuvre mais s’agit-il d’un mouvement de fond au delà d’une certaine élite ? Il est très probable que le mouvement constaté au travers des réseaux sociaux depuis 10 à 15 ans n’est pas près de se tarir.  Nous pouvons tous constater le nombre de plus en plus important de vidéos de qualité, elles-mêmes réalisées à partir de réseaux particulièrement réalistes. Ces nouveaux moyens permettent de relier une communauté particulièrement éclatée (moins de 10 % des modélistes ferroviaires sont en clubs) et donnent à chacun l’accès à une quantité quasi infinie de réalisations. La toile regorge de tutoriels, de démonstrations, de trucs et astuces – le tout accessible gratuitement –  que chacun peut sélectionner selon son projet et reproduire chez soi. Autrement dit, tout est là pour que le niveau des projets progresse. 

On peut encore avancer que le monde des modélistes pratiquant la reproduction des maquettes militaires et les figurinistes ont aussi apporté un peu de vent frais et poussé les modélistes ferroviaires vers de nouvelles limites. La patine du matériel roulant se généralise peu à peu ( le travail des modélistes d’outre-atlantique ont aussi apporté leur pierre à l’édifice) et au delà, les effets du temps, sont de mieux en mieux reproduits sur les réseaux.

Il est aussi probable que nous sommes seulement à l’aube de la révolution liée à l’impression 3D. Les seules limites actuelles sont le coût de l’imprimante et la nécessité de savoir utiliser un logiciel de dessin 3D. Gageons que ces limites actuelles seront caduques dans les 5 à 10 années qui viennent et que de la même façon que nous avons un ordinateur et une imprimante à domicile, nous aurons aussi tôt ou tard une imprimante 3D. On peut même imaginer à terme que les fichiers 3D (pour beaucoup payants aujourd’hui) soient disponibles en quantité illimitée et selon une formule d’abonnement, comme pour la musique ou les vidéos dématérialisées. Certains esprits chagrins pourront faire remarquer que le modéliste disparait au profit d’une machine qui fabrique. Mais le modéliste est avant tout celui qui intègre l’ensemble des technologies et des savoir-faire pour créer un monde qui apporte de l’émotion.

Eléments de conclusion

L’évolution de la technologie et du réalisme des réseaux a été évoquée. Mais qu’en est-il du coût du modélisme ferroviaire ? Sujet abondamment débattu depuis longtemps et qui a été seulement survolé dans cet article.  

Soyons sûrs d’un point : les prix ne baisseront pas ! Et il faut probablement penser le modélisme autrement ou peut-être revenir un peu aux sources du modélisme.

Penser le modélisme ferroviaire autrement consiste à poursuivre le mouvement de fond de ces quarante dernières années vers le modélisme d’atmosphère, c’est à dire faire mieux en étant moins ambitieux. 

À cet égard, le projet de Jacques Leplat décrit dans son ouvrage « Bons baisers de Ferbach », constitue une illustration parfaite de ce que peut être le modélisme d’atmosphère. Rédigé voilà une trentaine d’années, ce livre reste une bible pour tous ceux qui rêvent de créer une ambiance ferroviaire réaliste sur leur réseau miniature.

Alors certes, moins de rames de deux mètres circuleront sur les réseaux mais un beau diorama ou un beau module sont tout aussi remarquables. Et les expositions rassemblant des modules sont suffisamment régulières pour faire circuler lesdites rames. 

Revenir aux sources du modélisme consiste à faire davantage soi-même. Il est toujours utile par exemple de consulter le livre consacré au réseau de John Allen. Réseau époustouflant et construit de main de maitre par son auteur, jusqu’au matériel roulant ! 

Ces deux références ont plusieurs décennies mais il est possible d’en trouver de plus récentes.

 Bien sûr, tout le monde ne peut pas aller aussi loin mais beaucoup d’éléments peuvent être fabriqués par chacun d’entre nous, y compris avec l’assistance des nouvelles technologies comme déjà évoqué.

Merci de votre lecture, laissez un commentaire si le cœur vous en dit et à bientôt

Cet article a 10 commentaires

  1. Hugé Bruno

    Bonjour,
    Je suis membre de l’ADDF St Yon, je me retrouve dans les propos de cet article. Je souhaiterais apporter quelques réflexions. Tu écris que le modélisme est cher, c’est tout relatif, tout a un coût. Le neuf peut être cher, une centrale à 1500 € me semble exorbitant, il en existe à 250-300 € qui sont performantes. Le matériel roulant est assez cher, une loco numérisée peut atteindre les 400 à 500 €. Je suis un adepte du fait et transformé maison. Des locos vapeurs façon E. Siebel (une 141 R pour une centaine d’euros, achat + numérisée, motorisée et accastillée), wagons d’occasion patinés, mon projet de réseau piloté par Arcomora pour les cartes de gestion du réseau (Arduino aisé et économique), aiguillages maison, Je mets les moyens où ils doivent être et les économies où cela est possible. Véhicules routiers Open Car, réalisés maison (Un fourgon à une centaine d’€ tout compris (décodeur (40 €), motorisation (40 €) et vh (en stock). Le coût élevé sera dans Train Controller et la centrale, près de 1000 €, mais utilisation sur de nombreuses années. La numérisation d’un parc de locos a un coût, un décodeur neuf de marque à 25-40 €. Il ne faut pas avoir les mains dans les poches, les compétences s’acquièrent avec l’expérience et par les membres du club.
    J’ai parcouru le blog et lu les différents articles très intéressants qui vont dans mon sens. Sur notre site du club, je partage un article sur l’éclairage et le détaillage de voitures OCEM REE et France Train pour le coût modique de 1 à 2 €.
    Je bavarde et l’heure avance.
    Cdlt.

    1. Bonjour Bruno
      Merci de cette visite et de ce commentaire nourri et fort bien argumenté, avec lequel je suis d’accord. Peut-être me permet-il d’ailleurs de préciser encore mieux mon point de vue. Je défends une approche qui consiste à faire soi-même à chaque fois que cela est possible, notamment si on veut faire du modélisme avec des moyens limités. Ceux qui ont davantage de moyens sont bien entendu aussi fondés à faire du modélisme. Dans tous les cas, !’important est le résultat final.
      J’ai par ailleurs bien identifié les savoir-faire de l’ADDF St Yon en matière de technologie digitale et ai proposé un lien direct avec le club ici.
      Au plaisir d’échanger une prochaine fois

  2. Eric Suzanne

    Bonjour et merci pour cet article fouillé sur une évolution majeure qui correspond aux 40 dernières années.
    On ne peut regretter le temps du train jouet qui ne pouvait pas en rester à ce stade bas de gamme. La qualité est arrivée avec un prix correspondant. Mais plusieurs éléments nouveaux sont venus modifiés un peu la donne.
    Tout d’abord la taille des appartements actuels -qui a diminué depuis les années 60 n’a pas favorisé l’installation des réseaux sauf pour ceux qui vivent en maisons individuelles.
    En second lieu le niveau de vie a pu progresser mais le pouvoir d’achat n’a pas suivi dans le domaine du modélisme ferroviaire. En 40 ans il me semble qu’on retrouve les prix en € tels qu’ils étaient en francs. Or si l’âge des passionnés tangente celui de la retraite, c’est aussi à ce moment que les moyens diminuent au moins en valeur relative.
    Mais tout ce que je dis là est connu. Ce qui est moins dit, il me semble et qui joue à fond chez moi, c’est que les trains d’aujourd’hui sont laids. Leurs livrées sont – surtout chez les français – d’une tristesse et d’une médiocrité confondante. A l’exception de qques nouvelles locomotives récentes m, notre matériel roulant – retrofité ou neuf (il y a peu de choses sur ce plan là) – est esthétiquement très moche. Je ne retrouve pas cette absence de recherche esthétique sur les réseaux en Suisse, en Autriche voire en Italie. Je reste bluffé par exemple par la laideur de la livrée grise et violette « En voyage » qui a trahi nombre de matériels de traction. Ajoutons à cela les tags omniprésents et impunis qui défigurent des rames entières de voyageurs comme de marchandises (ces derniers convois se faisant d’ailleurs plus rares à cause de l’effondrement du fret sncf). En pratique, le niveau de l’offre ferroviaire française s’est abaissé sur de nombreux points (propreté, ponctualité, esthétique des livrées…), ce qui peut avoir une influence sur l’attractivité du hobby en HO.
    En pratique le train ne fait plus rêver. On y passe le moins de temps possible et on paye pour ça. Prendre le train pour se rendre à Venise ou à Rome était un voyage en soi. On y va en avion aujourd’hui pour moins cher … jusqu’à ce qu’on revienne peut-être aux trains de nuit un jour.
    Le train n’est plus vraiment une fenêtre sur le paysage et ceux qui l’habitent. Ce faisant, pourquoi chercher à le recréer ?
    Amicalement,

    1. Bonjour Eric,
      Merci de cette visite et de ce commentaire fort bien fourni et argumenté.
      Je n’avais pas formulé cette hypothèse relative à la laideur actuelle des trains et ses conséquences sur la pratique du modélisme ferroviaire mais elle est fort intéressante. Je reconnais qu’à titre personnel, je ne suis absolument pas attiré par les trains actuels. S’agit-il de simple nostalgie des trains anciens ou bien d’une déception quant aux trains actuels . Je ne saurai le dire… Peut-être que d’autres contributeurs sauront alimenter ce débat !
      Salutations cordiales

  3. Jean CUYNET

    Plusieurs points me semblent demander une réponse.
    Tout d’abord, le train c’est cher ! Etait-il bon marché autrefois ? Pour avoir commencé avec du O tin plate Hornby dans mon enfance, je répond non. Ce n’était pas un jouet bon marché. Par la suite, les productions Jouef et Lima n’étaient certes pas trop chères mais la durabilité et la qualité générale laissaient à désirer. Le matériel Märklin était nettement plus fiable mais trop onéreux pour la plupart des bourses.
    Aujourd’hui, nous disposons de matériel performant et très proche de la réalité avec un nombre d’accessoires considérable, de la voie presque à l’échelle, des bâtiments à foison, des dispositifs d’exploitation impensables autrefois. Ces gains en réalisme et en exactitude ont un coût. Il faut souvent trois ans avant qu’une nouvelle motrice soit disponible. Les temps d’études sont plus longs (un motrice dépasse fréquemment les 300 pièces) il faut faire de nouveaux moules (très chers) trouver les bonnes peintures, les bons accessoires, la bonne mécanique, le bon moteur. Certains souhaitent des modèles plus simples, plus rustiques et moins chers. Quand il y en a, ils se vendent moins bien que le haut de gamme !
    Cela va intéresser les enfants : non, ils ont le nez rivé sur leurs téléphones. Construire un réseau ne les intéresse plus. Par contre, des adultes s’y mettent. Ils ont plus de moyens et leurs motivations sont plus sérieuses.
    Ces éléments ne touchent pas que le modélisme ferroviaire, ils concernent tous les loisirs techniques. Les progrès en termes de qualités de réalisation sont importants et revenir à un passé où « c’était mieux avant » est illusoire.
    Le train peut ne pas être hors de prix si l’on sait domestiquer ses pulsions. Acheter tout ce qui sort est ruineux et souvent, les boîtes ne sont jamais ouvertes et les réseaux restent en projet éternel ! Faire un petit réseau, selon ses moyens (coût, temps, encombrement) et savoir se limiter est une sage précaution en ce domaine.

    Les trains français seraient d’une laideur effroyable, sales et inconfortables ! Ben voyons, ailleurs c’est beau, l’herbe est plus verte et tout va mieux. On peut ne pas aimer le design français mais de là à mettre tout dans le même sac est plus proche de la provocation que d’une analyse détaillée et argumentée. Passons…

    Par contre, nous pouvons préférer les époques où la vapeur était fort active, d’autres ne jurerons que par les motrices diesel alors que certains ne trouveront d’intérêt qu’aux motrices électriques. Etait-ce beau une locomotive à vapeur noire et fumante ? Et le ronronnement des diesels serait une douce musique ? Et les caténaires inséparables de la traction électrique sont-elles esthétiques ? Chacun apportera une réponse en fonction de son vécu, de sa sensibilité mais par pitié, ne confondons pas tout et son contraire.

    Pour faire un historique du modélisme ferroviaire, je me permets de vous renvoyer au forum Loco-Revue, rubrique « remontons le temps ». Il y a deux ans, profitant d’une importante documentation, j’ai initié un fil allant de 1925 aux années récentes. J’ai mis plus de 1000 photos et plans pour montrer comment à évolué le modélisme ferroviaire, avec le concours ponctuel d’autres amateurs.
    (https://forum.lrpresse.fr/viewtopic.php?f=2&t=91336&hilit=remontons)

    1. Rédacteur du Blog

      Bonsoir Jean,

      Votre visite et votre long commentaire argumenté honorent mon blog.

      Sur les questions esthétiques, je n’ai aucun point de vue particulier à formuler. Je ne pense pas en avoir formulé d’ailleurs dans cet article. Cette hypothèse a été émise lors d’un commentaire précédent et il revient à chacun effectivement de choisir selon ses goûts : tel ou tel pourra préférer la traction vapeur, diesel ou électrique. C’est là son libre choix. Je laisse en revanche les commentaires s’exprimer librement et n’en censure aucun dès lors qu’ils respectent les formes les plus élémentaires de courtoisie.

      Je me souviens de votre étude sur le forum Loco-revue que j’ai parcourue en son temps. Mon article n’a pas l’ambition d’un traitement historique aussi exhaustif et ne traite effectivement que des évolutions de ces dernières décennies.

      Sur la question des enfants que le modélisme ferroviaire n’intéresse plus et qui seraient rivés sur leur téléphone, je pense que le problème est un peu plus complexe. Certes, les jeunes générations sont totalement phagocytées par les écrans, c’est un point que je regrette autant que vous. Mais dans un monde aussi connecté, j’essaie de déceler ce qu’il peut avoir de positif. Je formule ainsi l’hypothèse que l’émergence de ces nouvelles technologies peut ramener des jeunes au modélisme ferroviaire, qui lui-même s’est mis depuis une quinzaine d’années au monde connecté ! En outre, j’observe que des formes anciennes (modélisme militaire par exemple) ou nouvelles (figurines) de modélisme – certes il ne s’agit pas là de modélisme technique – subsistent ou sont apparues : je ne pense pas ainsi qu’il y aurait une fatalité pour le modélisme ferroviaire. Et si comme je l’indique dans mon article sur les clubs, les photos laissent apparaitre beaucoup de tempes grisonnantes et de crânes dégarnis, elles laissent aussi apparaitre quelques jeunes aux cheveux bien vaillants !

      Sur la question du coût, c’est un débat épineux et sans fin. Au fond, nous ne sommes pas particulièrement en désaccord : l’amélioration continue des modèles a entrainé une croissance des prix. Je formule néanmoins l’hypothèse que cela peut constituer un frein au développement du modélisme ferroviaire. Je suis en outre totalement d’accord avec vous : on peut se faire plaisir avec des projets raisonnables en évitant les dépenses « pulsions », je reprends votre terme.

      En vous remerciant encore de votre visite, qui marque une étape dans la vie de ce blog.

      Salutations cordiales

  4. Jacques Le plat

    Félicitations pour votre blog et bravo en particulier pour la section “Trucs et astuces“, qui s’inscrit dans l’esprit du modélisme d’autrefois, quand peu de modèles détaillés et d’accessoires étaient communément accessibles. A l’époque, le modélisme était une école d’inventivité et de recyclage ; c’était aussi une source de joie lorsqu’on réussissait à façonner patiemment l’objet de ses rêves de ses propres mains. Aujourd’hui, beaucoup d’amateurs recherchent tout-fait dans le commerce ce qu’ils désirent et se privent ainsi de plaisirs insoupçonnés. En outre, cette tendance renchérit la pratique de notre hobby et participe à lui faire une réputation de loisir onéreux. Elle répond malheureusement à la quête croissante d’immédiateté du monde actuel. Tout effort de (re)mettre à l’honneur des petits bricolages personnels doit être applaudi.
    La rubrique “Interlude“, inaugurée dans Loco-Revue il y a 35 ans, avait le même dessein et quelques articles en sont repris sur le site de Ferbach dans la section “Archives de Ferbach“. Le livre “Bons baisers de Ferbach“, que vous mentionnez, met également en œuvre une série d’exercices pratiques à partir de matériaux et de modèles bon marché pour créer une mise en scène séduisante à petit prix.
    Bonne créativité et bon amusement à tous !

    1. Rédacteur du Blog

      Bonsoir Jacques,

      Je suis honoré de votre considération pour mon blog et de votre commentaire. Vous êtes parmi ceux qui m’ont donné envie de faire du modélisme ferroviaire, comme vous l’avez donné envie à beaucoup d’entre nous, et je pense que nous ne saurons jamais vous en remercier assez.

      Je lis avec beaucoup d’attention vos points de vue dûment argumentés. Je pense que la cartographie des pratiquants du modélisme ferroviaire est incertaine et qu’elle ne saurait se limiter aux pratiquants du tout fait, certes très présents.

      Sur le plan quantitatif – qu’il faut prendre avec précaution tant les sources sont incomplètes et diverses – les modélistes ferroviaires en France seraient entre 30000 et 50000 (pardonnez moi de ne pas citer le chiffre en Belgique, qui néanmoins m’intéressait pour compléter mes analyses).La FFMF regroupe ainsi entre 5 et 10 % de ceux-ci (de l’ordre de 2500 adhérents déclarés sur le site). Les forums les plus importants couvrent de l’ordre du tiers de ces pratiquants. Autrement dit, nous pouvons faire l’hypothèse que la vision publique et immédiate que nous avons de notre loisir est a minima très partielle mais peut-être aussi quelque peu biaisée.

      Sur le plan plus qualitatif, j’ai analysé en détail l’empreinte numérique des clubs de modélisme ferroviaire, et cela m’a conduit à penser qu’un certain renouveau est en train d’intervenir avec l’émergence des nouvelles technologies dans nos pratiques. Pratiques de communication tour d’abord : les modélistes ferroviaires ont accès à présent à une quantité de vidéos et de tutoriels, pour certains d’excellente qualité qui facilitent l’accès et la redécouverte de notre loisir. Pratiques de production et de fabrication d’autre part : les machines de découpe type « scrapbooking », les imprimantes 3D, Les machines de découpe laser, l’informatique embarquée, etc., autant de moyens qui renouvellent les possibilités de notre loisir. Ce qui auparavant était obtenu par de la débrouille avec un cutter et de la carte plastique peut à présent être obtenu par d’autres moyens. J’accepterai volontiers la critique d’un trop grand optimisme à cet égard mais je pense que ces nouveaux moyens vont permettre de ramener des jeunes générations vers notre loisir. J’étais mercredi soir dans un FabLab associatif de la région lyonnaise pour réaliser des persiennes en découpe laser : je peux vous assurer que la moyenne d’âge était immensément inférieure à celle des clubs de modélisme ferroviaire ou des visiteurs des bourses d’occasion ! Ces jeunes sont passionnés par le DIY, puisque c’est ainsi qu’il faut dire à présent ! Bien entendu, ce n’est pas pour autant qu’ils feront du modélisme ferroviaire mais des ponts sont à établir.

      Nous pourrions échanger encore longtemps sur ces questions de fond, ce que je souhaite d’ailleurs dans l’avenir. Votre avis, votre expérience, votre sagesse seront toujours les bienvenus sur ce blog qui vous réservera toujours la meilleure place.

      En vous remerciant encore mille fois d’avoir pris le temps de lire ce blog.

      Salutations cordiales

  5. LONGHI

    Du parcours des expositions et autres bourses, force est de constater que 80% des visiteurs ont les tempes grises. Pour les autres une grande majorité est juste venue par curiosité.
    Donc oui notre « confrérie » est vieillissante. Si nous ne prenons pas garde d’attirer des jeunes dans 20 ans tout aura sombré dans l’oubli. Les chiffres de 30 à 50 000 modélistes ne me semblent pas très réalistes ou alors faut il mieux définir ce qu’est un modéliste ferroviaire.
    Comment attirer les jeunes, le ticket d’entrée, une centrale, une locomotive et quelques wagons c’est entre 1000 et 1500€. Nous parlons d’un SMIC, alors quels parents pour un de leur enfant est prêt, surtout à cette époque, à mettre cette somme dans un train. Bien sur aucune certitude que cela lui plaise à long terme. Il est vrai qu’une voiture ou un avion télécommandé vaut plus de 10 fois moins et est très ludique.
    L’erreur c’est que nous ne proposons aux jeunes qu’une filière d’excellence. Exit le «JEUX » la liberté et la créativité, nous leurs proposons d’entrer dans une secte pleine de règles très compliqués et de contraintes. Si c’est comme cela que vous compter faire venir la jeunesse, ce n’est pas gagné.
    Comme tout enfant il va rêver devant une belle amenée par un ancien, mais quelle déception lorsqu’il demandera à ses parents le modèle tant convoité. A 400€ le ticket d’entré, voire 300 d’occasion, ses parents, dans la grande majorité des cas, ne seront pas des plus décidés.
    Entre la technicité du modélisme ferroviaire avec le DCC et le cout du matériel c’est comme si les clubs de foot fermaient leurs écoles pour ne garder qu’une élite capable de jouer au moins en 2ème division). Pour les benjamin, la paire de crampons vaut bien moins de 100€, c’est donc comme si les crampons Pro entre 300 et 800€ étaient obligatoire pour intégrer l’école de foot. C’est absurde, non, et pourtant c’est la démarche du monde du modélisme ferroviaire. Cherchez l’erreur…
    Chez les fabriquant il s’agit désormais d’une course au détail et à la version limitée. Si cette optique séduit les collectionneur qui d’ailleurs ne font pas rouler leurs locomotives, je n’en veux pour preuve que le nombre de revente « jamais roulé ». La grande majorité des « férrovipathe » aiment voir leur parc traction en tête d’une belle rame. L’argument du cout de développement est totalement faux, il y a bien longtemps que tout est numérisé et qu’ils capitalisent sur leurs précédentes réalisation. Je ne parle même pas du cout de fabrication ou la délocalisation asiatique et les nouvelles techniques (3D) ont depuis fort longtemps effondré les prix.
    Le problème est en fait le suivant ; les prix évoluent, les acheteurs sont moins nombreux, alors pour garder la marges on augmente les prix. Cette « cavalerie » est mortifère car elle tue le marché.
    Je veux bien entendre que ces modèles d’exception ont un marché, mais pourquoi abandonner au passage la petite machine analogique réalisée avec un moule largement rentabilisé, avec une bonne mécanique. Nous pourrions proposer des kits de départ à moins de 300€ ce qui changerais pas mal de choses.
    Notre passion à un atout majeur car elle et transversale à de multiples technologie, le décor avec out son univers de peinture et de découpe laser, l’impression 3D et son immense champs d’application, l’électronique, la menuiserie et j’en passe. Pour débuter, et simplement jouer nul n’est besoins de maitriser ses techniques, elles seront acquissent au fur et à mesure au contact des anciens.
    L’univers du train est donc un espace riche plein de savoir faire dans le modélisme, c’est notre chance. Mais pour faire venir les plus jeunes retrouvons ce qui dans les années 50-70 à mis le feux à nos jeunes esprits, le ludique et le rêve. Il ne faut plus que les rêves des plus jeunes soient limités par la « carte bleue parentale ».
    Donc Appel aux l fabriquant ; refaites nous des modèles à des prix raisonnables, ils n’impacterons pas vos « collectionneurs de modèles parfaits et rares » mais ils forgeront une nouvelle génération de client. Si la politique actuelle ne change pas, je crains que d’ici 15 ans le marché soit réduit à sa plus simple expression voire même disparue.

    1. Rédacteur du Blog

      Bonsoir monsieur,

      Je vous remercie de votre visite sur mon blog et pour ce long commentaire.

      Pour ce qui concerne le nombre de modélistes ferroviaires, j’ai cité les chiffres et les sources. Je suis bien entendu incapable de les vérifier.

      Pour ce qui est du ticket d’entrée, vous proposez celui-ci sur la base d’un système digital. Est-il forcément besoin de débuter le modélisme ferroviaire avec un système digital ?

      À juste titre, vous posez la question de la définition du modélisme ferroviaire. Je considère que toute évocation réduite d’un environnement ferroviaire constitue du modélisme ferroviaire mais c’est tout à fait critiquable. Un diorama, un module qui évoquent ce thème en font donc partie de mon point de vue.

      Je pense ainsi que l’on peut faire du modélisme ferroviaire en étant plus modeste, et que ce faisant, la question du coût peut être minoré. Est-ce que cela ramènera les jeunes générations au modélisme ferroviaire ? Je n’en sais rien. J’ai formulé l’hypothèse dans un autre article que l’apport récent des nouvelles technologies de communication (Instagram, Youtube, etc.) et de fabrication (imprimantes 3D, découpe laser, CNC) pourrait ramener des jeunes vers notre loisir. C’est probablement un peu optimiste, je le concède volontiers.

      En vous remerciant encore pour votre visite

      Salutations cordiales

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