Voilà un sujet peu traité. D’ailleurs, y-a-t-il un sujet ? Les figurines à l’échelle 1/87 mesurent moins de 2 centimètres et on pourrait considérer que leur installation est négligeable, un simple élément de décor parmi tant d’autres. Comme pour beaucoup de sujets en modélisme, tout dépend pourtant de l’ampleur du projet et de la situation des figurines sur ce projet. Sur un diorama ou même sur un module, des figurines placées au premier plan attireront inévitablement l’œil et une mise en scène adaptée les mettra en valeur. Il faut noter d’ailleurs que le développement des techniques d’impression 3D favorise la création de figurines dont les postures et attitudes sont particulièrement adaptées, ce qui est un signe d’un intérêt croissant des modélistes. Nous avons donc pensé utile de proposer quelques pistes de réflexion sur l’utilisation et la mise en scène des personnages dans nos décors, à partir d’exemples concrets. Nous avons en effet constaté que selon les cas, certaines scènes fonctionnaient très bien et d’autres beaucoup moins… À partir de l’analyse de ces quelques situations, nous avons essayé d’en tirer sinon des règles, tout au moins des pistes permettant d’améliorer la mise en scène de nos personnages. Bien entendu, la qualité intrinsèque des photos joue un grand rôle (cela devrait d’ailleurs faire l’objet d’un article…) dans l’appréciation que nous pouvons faire de telle ou telle situation. Nous allons essayer d’isoler cette question esthétique en nous concentrant sur l’analyse de la mise en scène.
Niveau de difficulté : initié à confirmé
Matériel nécessaire : des figurines à l’échelle 1/87
Matériel optionnel :
Outillage nécessaire :
Des véhicules, un autorail, une pelouse bien verte, des figurines, un monument un mort… Une telle profusion de détails sur un si petit espace rend-elle la scène plus crédible ?
Car il ne suffit pas d’empiler des élements – aussi réussis soient-ils isolèment – pour fabriquer une belle scène.
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ToggleAvec juste un personnage
Le fait de confier un balai à cette ménagère anime un peu la scène mais elle aussi apparait un peu quelconque.
Si les trois scènes précédentes manquaient de profondeur, celle-ci est en revanche bien mieux élaborée. L’action se passe au premier plan à droite mais de nombreux détails se situent au premier plan à gauche et le U23 et la cabane en deuxième plan donnent du relief à la scène qui apparait bien plus vivante.
Là aussi, le cycliste semble presque en action. Il a suffi pour cela de légèrement incliner le vélo lors du collage.
Cette scène apparait un peu plate. Le personnage est isolé au centre de la scène et le regard est plutôt attiré par le rouge de la borne à incendie et le jaune de la boite aux lettres. Surtout tout est au premier plan . Reculer la Peugeot 203 dans le passage suffirait à donner un meilleur effet de profondeur.
Prise sur le même balcon, cette scène est bien meilleure. On peut imaginer la petite fille en train de chaparder un agrume.
Certes, il s’agit par essence d’une scène statique mais ce monument aux morts est quelque peu dynamisé par la posture du poilu et le drapeau semble presque flotter au vent.
Avec plusieurs personnages
Un gros travail a été fait pour élaborer cette scène de kiosque à musique (fabrication des instruments à cordes, les instruments à vent on été percés, les personnages ont été modifiés pour l’occasion) et pourtant elle ne fonctionne pas si bien sans que nous puissions l’expliquer.
Sur cette scène, le rouge des fruits commence par attirer l’œil, le regard se penche ensuite sur les deux personnages qui remplissent les cageots, puis l’œil est enfin attiré par le personnage qui évacue les cageots. La composition de la scène permet de créer une dynamique dans une composition pourtant statique.
Chaque photo regroupe plusieurs scènes que l’on peut découvrir peu à peu..
Un gros travail de modéliste, notamment pour réaliser les cageots et cages à volailles et les remplir ! Mais ce travail n’est pas obligatoirement ce qui ressort de prime abord de la scène où trois actions simultanées sont visibles : la manutention d’une cage au premier plan, deux gamins qui observent les volailles au deuxième plan et enfin au troisième plan en haut à gauche, un troisième personnage qui s’éloigne avec une brouette. C’est à peine si l’on aperçoit le personnage en haut à gauche qui observe. Les figurines ne sont pas implantées au hasard : il s’agit de proposer une disposition qui raconte des histoires.
L’installation de personnages dans notre matériel roulant (et des rideaux) participe à crédibiliser nos scènes. il est parfois étonnant de voir des engins magnifiquement réalisés et patinés mais vides..
La scène est rendu plus dynamique en décalant légèrement les deux vélomoteurs qui ne sont pas ainsi sur le même plan.
Cette scène d’intérieur en revanche fonctionne très bien avec des apports pourtant assez minimes : peinture vitrail pour imiter le verre, boutons soulignés avec une couleur claire. Les deux personnages semblent en pleine discussion animée.
Il en est de même dans ces différentes scènes de marché.
La fabrication de cagettes remplies a été présentée dans cet article et dans cet autre.
Une autre scène encore où une partie de pétanque a été improvisée sur un chemin de campagne le long d’une voie ferrée. Trois personnages dont l’attitude permettait leur utilisation dans ce contexte et quelques micro billes récupérées dans une cartouche d’eau filtrante (mise en œuvre présentée dans cet article) ont suffi à réaliser cette scène. Dans cet exemple, outre les nombreux détails, les postures des figurines assoient le réalisme de la scène qui aurait été beaucoup moins crédible si les personnages avaient eu des attitudes figées.
Et pourquoi pas avec un animal ?
Sur ces deux photos en revanche, les animaux sont moins présents et constituent presque un complément au reste de la scène. D’autres éléments attirent le regard.
Sur cette autre scène au contraire, les remous du ruisseau contrastent avec la robe foncée du sanglier ; les quelques touches de végétation contrastent quant à elles avec l’environnement minéral. Au final, on obtient une scène réaliste avec très peu de moyens et en évitant une profusion d’effets. Le contraste des couleurs suffit à animer la scène.
Point n’est toujours besoin de mettre des personnages humains et de surcharger la scène. Parfois une scène minimaliste bien mise en valeur donne de la vie à une maquette statique. Tel est le cas sur ces trois photos où des animaux sont à l’oeuvre. Sur cette photo ci contre, le regard est attiré par le chien qui est au centre de la scène.
Ci-dessus, les reflets sur les bidons métalliques au premier plan attirent l’œil dans un premier temps et le balai posé négligemment laisse penser à une action passée ou à venir. Ci-contre, c’est le jaune de la boite aux lettres qui constitue le point d’ancrage de la scène et les animaux sont quasi invisibles !
Et pourquoi pas des scènes sans personnages vivants ?
Pour ce projet d’immeuble en ruine, quelques petits aménagements intérieurs ont été réalisés et ajoutés au kit de base.
Ici, tentative de jouer le contraste entre ce petit dépôt de boulets de charbon et vélo rouge. L’œil va être inévitablement attiré par la couleur incongrue du vélo dans cet environnement anthracite…
Un vieux poêle, une vieille baignoire, des gravats, autant de propositions qui suggèrent des moments de vie oubliés.
Eléments de conclusion
Suggérer peut suffire
Il n’est pas toujours besoin de surcharger une scène en personnages pour qu’elle soit vivante. Un balai posé négligemment sur un bidon, une vieille baignoire au milieu de gravats par exemple peuvent suffire à créer une atmosphère particulière et nous enjoindre à imaginer comment le balai est arrivé là ou ce qu’il est advenu de l’immeuble en ruine. Notre imagination peut être sollicitée par ce type de petit détail bien utilisé.
La variété plutôt que la quantité
Il est difficile de reproduire une foule de façon crédible en modélisme sauf à disposer de centaines de figurines. Nous avons par exemple sur nos plans de travail un projet de fanfare dont le réalisation est inaboutie car la scène apparait peu réaliste. Une fanfare comporte plusieurs dizaines de musiciens – c’est déjà un volume conséquent – mais il n’est pas réaliste de leurs présenter seulement quelques dizaines de spectateurs.
Il est ainsi probablement plus indiqué de créer plusieurs petites scènes variées et bien conçues plutôt qu’une scène massive – toujours possible – mais qui nécessitera un investissement conséquent.
Du statique au dynamique : dilater le temps et l'espace
Einstein sort de ce corps …!
Qui sait ce que la technologie nous apportera dans l’avenir mais pour l’heure nos personnages sont statiques (il existe néanmoins quelques exemples de personnages animés). C’est un écueil majeur et il faut ainsi tenter de suggérer le mouvement et le déroulement du temps. Pour créer le mouvement, plusieurs solutions – parmi d’autres – sont possibles : utiliser des figurines dont la posture est particulièrement adaptée, incliner un vélo pour suggérer son balancement lors du déplacement, etc. Au fond, il faut éviter de mettre tout sur le même plan et sur la même ligne ! Pour dilater le temps, il faut savoir suggérer une histoire : un vieux poêle ou une baignoire au milieu de gravats, un outil abandonné, etc. L’évocation de séquences successives est aussi prolifique : un personnage qui remplit des cageots, un autre qui les stocke et un dernier qui les manutentionne avec un transpalette. Le temps et le mouvement sont suggérés…
Créer des points d'ancrage secondaires à la scène principale
Une autre façon de dynamiser une scène consiste à attirer le premier regard vers un élément secondaire de la scène : une couleur qui ressort particulièrement (le jaune d’une boite aux lettres, le rouge d’une borne à incendie, le reflet métallique d’un bidon) ou un travail particulier de détaillage par exemple (des outils rangés dans un vieux bidon ou de vieilles affiches collées au mur). C’est un deuxième regard plus attentif qui va révéler le vraie sujet de la scène et l’action autour de personnages ou d’animaux. Ces multiples plans vont nourrir et donner de l’intérêt à la scène.
Concentrer les scènes
Si nous avons conseillé de privilégier la variété, il convient aussi d’éviter l’éparpillement… Installer des dizaines de figurines de façon éparse sans cohérence et fil conducteur sera contre-productif. Il est plus indiqué d’imaginer quelques scènes autour desquelles les figurines seront concentrées : un marché, une partie de pétanque avec des boulistes et quelques spectateurs, un chantier, une file d’attente, etc. C’est toujours vers ce genre de scène que notre œil est attiré et les possibilités sont infinies.
Nous n’avons nulle prétention à avoir épuisé le sujet mais nous espérons que cette contribution vous sera utile pour affiner vos projets.
Merci de votre lecture, laissez-nous un commentaire si le cœur vous en dit et à bientôt !
Article très intéressant et sujet rarement abordé en effet.
Je déteste les maquettes avec des animations (généralement très germaniques) du genre bucheron qui fait des aller retours (pendant 8h d’affilée, ce qui n’est physiquement pas crédible) avec sa hache ou balançoire avec deux enfants à chaque bout. C’est lassant, et ça attire l’attention sur un détail qui, trop répétitif, devient lassant. On passe à côté de tout le reste. Et on est frustré parce qu’autour de cette animation, rien ne bouge. Au mieux, j’admet les éclats d’un poste à souder derrière la vitre d’un atelier.
Pour compléter ce qui ressort de l’article, je dirai que ce qui est important, c’est de susciter l’imagination du spectateur : la femme qui traverse la salle d’attente de la gare semble pressée. Va t-elle rater son train? Le taxi qui repart de la gare, ne serait-ce pas celui qui vient de déposer cette femme à la gare, etc…
De même en bordure de réseau : je m’efforce autant que possible à ce que la mise en scène incite le spectateur à imaginer ce qui se passe en dehors du réseau, dans l’ailleurs. Un peu quand on tourne la page d’un livre : c’est dans l’épaisseur de la page qu’est décrit l’univers du livre.
Bonjour Guillaume,
Merci de votre nouvelle visite et de ce nouveau commentaire.
C’est vrai que l’on voit souvent des figurines dispersées sur une maquette sans réflexion ni fil conducteur alors qu’il y a un vrai bénéfice à suggérer des histoires…
Votre remarque est très juste, il en est des animations comme de l’éclairage. Soit tout est éclairé et animé, soit rien du tout… En réfléchissant plus avant à votre commentaire, ce genre de petite animation (plus ludique que « modélistique »…) est possible dans le cadre d’un petit diorama quand cette animation est en le centre et le sujet principal. Mais vous avez raison, une animation unique et répétitive est souvent lassante et peu crédible. Sur un réseau plus imposant, quelques animations lumineuses (postes à souder, feu de poêle ou de cheminée, brasero, etc.) sont possibles pour autant qu’elles soient discrètes et ne soient pas configurées pour être le sujet principal vers lequel l’œil est attiré en premier. Il faudrait aussi évoquer la question des sons si l’on veut être tout à fait exhaustif… Vaste sujet que ces animations au delà des trains et du réseau ferroviaire… L’idée que nous voulions suggérer dans l’article est l’idée de réfléchir à la mise en scène. À la lecture de votre commentaire, nous sommes satisfaits de constater que cette idée est partagée.
Mais qui sait ce que la miniaturisation des technologies nous réserve demain ? Peut-on imaginer des animations plus réalistes par hologrammes ou autres ?
Au plaisir d’un prochain échange
Salutations cordiales
Je me suis essayé pour la première fois cette semaine à la peinture de figurines HO en impression 3D (Artitec). C’est vraiment très délicat.
Je me suis vite rendu compte que l’acrylique ne tient pas sur ces matériaux. J’ai dû passer à la Humbrol qui est moins fluide, bousille vite les pinceaux, et surtout je n’avais que des Humbrol brillantes. J’ai donc dû les passer après coup au vernis mat (2 couches). Bref, c’est de l’hyperchronophagie.
Comme quoi, les Preiser c’est peut-être pas si cher.
Une bonne idée suggérée par Christophe de la chaine YT « LE RESEAU DE PSX » : pour l’aménagement des wagons, utiliser des personnages made in Chinois (voir Ebay). Même s’ils ne sont pas très bien finis, on ne voit pas trop le détail de ceux qui sont assis. Par contre ceux qui sont debout dans le couloir, ou sur la plateforme, ont intérêt à être de qualité Preiser.
De sacrés économies ainsi…
Bonjour Guillaume,
Merci de votre nouvelle visite et de ce commentaire. La peinture des figurines HO a été abordée en détail l’année dernière dans cet article . La résine, qu’elle provienne de moulages ou d’impressions 3D, nécessite de passer un apprêt avant peinture sans quoi, comme vous l’avez constaté, la peinture notamment acrylique ne tiendra pas. Ces apprêts se trouvent dans différentes couleurs (gris, blanc, beige, chair, etc.) dans tous les bons magasins de modélisme et chez les vendeurs de figurines et de « warhammer ». Pour ce qui concerne les peintures glycérophtaliques (Humbrol ou autres), il importe de bien les mélanger et de les diluer un peu si besoin avant usage. Avec ces précautions, elles ne sont pas plus difficiles à passer que les acryliques. Enfin, l’article dont vous avez le lien évoque rapidement ces figurines chinoises. Elles sont de piètre qualité et effectivement sont utiles dès lors qu’elles sont en partie cachées…
Au plaisir d’un prochain échange
Salutations cordiales